lundi 1 novembre 2010

Clap de fin pour le Ballon d’Or 2001 ?




Deuxième volet de la saga des anciens lauréats du Ballon d’Or. Aujourd’hui, retour sur Michael Owen. Indisponible depuis des mois, le joueur ne semble plus avoir le physique pour tenir plusieurs matchs de suite. Le Ballon d’Or 2001, dont le contrat à Manchester United expire en juin, pourrait prendre sa retraite… à seulement 30 ans.



Michael Owen a parlé de retraite cette semaine. Les mauvaises langues diront qu’il ne s’agit pas réellement d’un scoop, les blessures ayant déjà presque mis fin à la carrière du « Wonderkid », son ancien surnom à Liverpool. Il est difficile de les contredire : celui qui porte le mythique numéro 7 de Manchester United n’a marqué que 3 buts la saison dernière. Avec un rendement si faible et une disponibilité réduite pour cause de blessures incessantes, il y a peu de chance que Sir Alex Ferguson lui propose de prolonger son contrat. Ne souhaitant pas signer dans un club de bas de tableau, Michael Owen a donc de grande chance de mettre un terme à sa carrière en juin.

On ne peut pas en vouloir au manager écossais. Manchester United évolue dans un environnement compétitif. Michael Owen, outre ses blessures à répétition, n’a plus le niveau suffisant pour concurrencer des joueurs comme Wayne Rooney, Dimitar Berbatov ou Javier Hernandez. Sur ces 5 dernières saisons en Premier League, il n’a inscrit que 29 buts, soit moins de 6 réalisations par saison. Si certains jeunes lecteurs se demandent certainement pourquoi j’écris un article sur un joueur au rendement si famélique, il faut revenir à la fin des années 90 pour mieux comprendre.

Après avoir marqué son premier but en mai 97 pour son premier match en Premier League avec Liverpool, Michael Owen marque le championnat anglais de son empreinte en 98 : il est co- meilleur buteur de la compétition la saison suivante, à seulement 19 ans. Ses 18 buts lui offrent une place en sélection pour la Coupe du Monde en France. Nullement impressionné par l’enjeu, le jeune attaquant inscrit un but magnifique contre l’Argentine qui le révèle au monde entier. La saison suivante, Michael Owen endosse le costume d’atout offensif numéro 1 des Reds avec un nouveau total de 18 buts en championnat. Il devient le chouchou d’Anfield Road. L’exercice qui suit sera en demi-teinte, malgré 11 buts inscrits. S’en suit un Euro complètement raté pour l’Angleterre, après lequel Michael Owen reviendra gonflé à bloc pour la saison 2000/01.

L’Europe du football se souvient sans doute de cette année exceptionnelle de Liverpool. Emmenés par une génération prometteuse, formée entre autres de Jamie Carragher, Steven Gerrard et Michael Owen, les Reds remportent 5 titres, dont la Coupe UEFA. Beaucoup d’observateurs nuancent cette performance, soulignant que la cuvée de Liverpool n’a pas la même saveur que le triplé de Manchester United deux ans plus tôt. En effet, le titre de champion d’Angleterre leur échappe, et la Coupe UEFA qu’ils remportent est bien moins prestigieuse que la Ligue des Champions. Cependant, cette lacune ne gêne pas le jury du Ballon d’Or, qui désigne Michael Owen comme lauréat de l’année. On se dit alors qu’à 22 ans, il a tout pour devenir l’équivalent européen du brésilien Ronaldo…

Il n’en sera rien. Malgré trois très bonnes saisons suite à son sacre, assorties respectivement de 19, 19 puis 16 buts en championnat, il décide de signer au Real Madrid et de compléter la collection de Ballon d’Or de la Maison Blanche qui compte déjà Luis Figo, Zinédine Zidane et Ronaldo, auxquels s’ajoutent des joueurs comme David Beckham et Raul. Faire cohabiter autant de joueurs offensifs sur le terrain relève de la mission impossible. Michael Owen participe au turnover imposé, et même s’il parvient à marquer 13 buts en Liga, il souhaite changer de club. Le buteur est conscient que la Coupe du Monde a lieu l’an prochain et que son statut au Real peut fragiliser sa position en sélection. Alors qu’il rêve de retourner au bercail, seul Newcastle accepte de mettre les 25 millions d’euros réclamés par le Real Madrid. Une grave blessure l’empêche de réaliser une saison pleine, mais ses 7 buts en 11 matchs suffisent à convaincre Sven-Göran Eriksson. Le sort s’acharne alors sur le joueur formé à Liverpool qui se blesse gravement dès le premier match de la compétition. Bilan : une saison blanche en 2006/07. Revenu sur le terrain les deux saisons suivantes, il semble avoir perdu son exceptionnel coup de rein et ne parvient plus à faire la différence : il ne marque que 19 buts en 2 ans, un total qu’il avait atteint en une saison avant son départ à Madrid.

Après le départ de Cristiano Ronaldo, Sir Alex Ferguson ne dispose que d’un budget modeste pour remplacer sa star, étant donné la volonté de ses supérieurs d’éponger leurs dettes grâce aux 94 millions d’euros déboursés par le Real Madrid. Il mise donc sur un Michael Owen libre de tout contrat. Comme un symbole, il offre même le numéro 7 à l’ancienne idole de Liverpool, un pur « scouser ». Eternel blessé, le buteur ne peut s’imposer au sein des Red Devils. Pire, il ne semble même plus avoir le physique nécessaire pour jouer.

Les fans de football ne peuvent qu’être attristés par cette fin indigne du joueur qu’il était. Sa carrière restera un énorme gâchis : il n’a jamais été meilleur buteur de son championnat (en 98, Dion Dublin a eu le titre car il a également marqué 18 buts mais a joué moins de matchs). Il n’a même pas gagné le championnat anglais ou espagnol. En Ligue des Champions, son compteur reste bloqué à 14 buts. Mais outre son Ballon d’Or 2001, Michael Owen a enchanté le public durant des années grâce à sa vitesse, sa technique et son adresse devant le but. L’homme aux 40 buts en 89 sélections n’a pas inscrit son nom dans l’histoire du football par les chiffres, mais aura néanmoins marqué la mémoire de ceux qui ont eu la chance de le voir jouer à son meilleur niveau. Et c’est déjà pas mal.

P.S : pour la petite histoire, je pense qu'en 2001, j'aurais voté pour Oliver Kahn ou Raul.


Darinh Mongkhoun

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