mardi 9 novembre 2010

Edgar Davids, le pitbull n’aboiera plus…



Edgar Davids, figure emblématique du football mondial durant une décennie, a repris du service à Crystal Palace en juin dernier, après deux ans d’inactivité. Ce week-end, il a choisi de mettre un terme à cette ultime aventure. Lire son nom dans une brève ne peut que raviver de doux souvenirs chez tous les fans de football... Retour sur ce personnage hors norme.


Les développeurs de jeux vidéo prenaient soin de reconstituer fidèlement Edgar Davids, pensant même aux lunettes qu’il portait pour compenser des problèmes à la rétine. Cette anecdote, à une époque où les graphismes des jeux n’avaient rien à voir avec ce qu’on peut voir aujourd’hui, prouve la place qu’occupait ce joueur au sein du football mondial. Les fans lui vouaient un véritable culte, à tel point que je ne connais personne qui ne l’appréciait pas.

Le joueur a commencé sa carrière au sein d’une génération dorée, qui a porté l’Ajax Amsterdam au sommet de l’Europe, avec la Ligue des Champions comme apothéose. Aux côtés de Clarence Seedorf, Patrick Kluivert et les frères De Boer, Edgar Davids éblouit l’Europe, alliant une technique presque « sauvage » à un abattage de tous les instants. Le Milan AC souhaite en faire le descendant des Ruud Gullit et Frank Riijkaard. Cependant, les néerlandais de l’époque -outre Davids, Patrick Kluivert et Winston Bogarde évoluaient à Milan- n’impriment pas leur empreinte comme leurs illustres prédécesseurs. Silvio Berlusconi les prend en grippe et souhaite se débarrasser d’eux. Le pitbull rejoint alors la Juventus Turin.

Les dirigeants turinois ont eu le nez creux. Ils ont déniché un joueur hybride capable d’évoluer entre Didier Deschamps et Zinédine Zidane. Son profil ambivalent le rend aussi efficace pour les basses besognes que pour apporter de la fluidité dans le jeu offensif de la Vieille Dame. Pendant 6 saisons, Davids s’impose comme l’un des tous meilleurs milieux défensifs du monde. Aussi bien en club qu’en sélection, il côtoie le très haut niveau avec une rare régularité, manquant de peu les trophées les plus prestigieux. Il dispute deux finales de Ligue des Champions, une demi-finale de Coupe du Monde ainsi que la demi-finale de l’Euro, organisé chez lui, aux Pays-Bas. Toujours à l’affut, Nike en fait son égérie, au même titre que le brésilien Ronaldo. Son jeu instinctif, combinant hargne et génie, lui confère une aura au sein des spectateurs du monde entier. Son charisme est utilisé dans bien des campagnes cultes de la marque américaine, renforçant encore sa notoriété.

En 2004, des tensions naissent avec Marcelo Lippi. Frank Riijkaard, prédécesseur de Davids chez les Oranges hollandais, flaire le bon coup et le prend à Barcelone en janvier. En 18 matchs, Edgar Davids devient un élément clé du jeu blaugrana : il permet à Ronaldinho de se concentrer uniquement sur l’attaque, il devient le complément parfait de Xavi, et le Barça ne concède qu’une seule défaite en sa présence ! Il est logiquement sélectionné pour l’Euro 2004 mais échoue à nouveau aux portes de la finale.

L’été qui suit, Barcelone oublie ses états de service et décide de ne pas le conserver. Edgar Davids intéresse néanmoins l’Inter Milan, qui souhaite gagner le championnat après des années de disette. Au sein d’une somme d’individualités incapables de jouer en équipe, le néerlandais joue peu et souhaite vivre autre chose. Il découvre la Premier League au sein d’une équipe de Tottenham en devenir. Si son charisme et son expérience lui permettent d’assumer le rôle de guide auprès des jeunes, son physique n’est clairement plus ce qu’il était. Après une première saison pleine, il décide de prendre sa retraite, jusqu’à ce que Crystal Palace ne vienne le chercher pour quelques mois.

Aujourd’hui, lire son nom a ravivé mes souvenirs de cet ovni du football. Charismatique, compétiteur dans l’âme, brillant techniquement, Edgar Davids représente à merveille les valeurs du football. Si les organisateurs du championnat du monde de freestyle lui ont demandé de devenir parrain de la compétition, c’est tout sauf un hasard. Edgar Davids est maintenant dans la peau de celui qui admire la façon de jouer des autres. Ceux qui ont vu la sienne s’en souviendront encore longtemps.

Darinh Mongkhoun

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