mardi 16 novembre 2010

Ballon d’Or 2002 : la victoire du phénix Ronaldo



Troisième volet des anciens lauréats du Ballon d'Or. En termes de talent pur, Ronaldo est certainement un des plus grands joueurs de l’histoire du football. Après un début de carrière incroyable, le brésilien a connu des blessures qui ont empêché son épanouissement. Alors que plus personne ne l’attendait, « el fenomeno » a choisi la scène de la Coupe du Monde pour signer un retour fracassant, et s’adjuger le Ballon d’Or 2002.



Dès son arrivée en Europe, il a succédé à Romario avec une facilité déconcertante. En deux saisons, Ronaldo a tout simplement marqué 51 buts en 52 matchs sous les couleurs du PSV Eindhoven. Un total effrayant qui attire la convoitise du FC Barcelone. En une saison en Catalogne, le jeune attaquant inscrit 34 buts en Liga, dont certains chefs d’œuvre face à Valence ou Compostelle. L’année suivante, il signe à l’Inter Milan, où il martyrise les défenses italiennes pourtant réputées comme les plus hermétiques du monde. A l’aube de sa carrière, son palmarès fait déjà pâlir de jalousie les meilleurs joueurs du moment. Dans son étagère figurent la Coupe du Monde, la Copa America, deux titres de joueurs FIFA de l’année, une C2, une C3, un titre de meilleur buteur en Eredivisie et en Liga, ainsi qu’une Coupe d’Espagne ! On se dit alors que la Coupe du Monde en France va marquer l’emprise du joueur sur le football mondial.

Il n’en sera rien. Ronaldo connaît un parcours parfait jusqu’en finale contre la France. Une rencontre qu’il dispute malgré des troubles encore inexpliqués avant le match. Cette défaite l’affectera mentalement. Le joueur va alors connaître une série de blessures qui va durer 4 ans. Durant cette période noire, il ne dispute que 36 matchs de championnat pour 24 buts, soit des statistiques similaires à ce qu’un joueur de son calibre réalise normalement en une seule saison. Ce n’est qu’en mars 2002, soit à peine 3 mois avant la Coupe du Monde, qu’il effectue son retour définitif.

Personne ne reconnaît le joueur qui enchantait les spectateurs. Si son aisance balle au pied et son efficacité devant le but n’ont pas changé, le brésilien n’a plus le physique pour prendre le ballon au milieu du terrain et déborder toute une défense à lui seul. Luis Felipe Scolari, sélectionneur du Brésil, choisit pourtant de lui faire confiance malgré une pression populaire et même présidentielle qui soutenait plutôt Romario. Mais Felipão n’en a cure : il a compris que la présence de Ronaldo rassure les jeunes joueurs comme Ronaldinho, et enlève un peu de pression des épaules de Rivaldo. Au sein d’une équipe qui a connu toutes les peines du monde à se qualifier, c’est déjà beaucoup.

L’Asie sera la scène de la renaissance pour el fenomeno. Tel un phénix, le joueur renait de ses cendres et éblouit le monde par son sens inné du but. S’il n’a plus son fameux coup de reins, il reste capable de changer la tournure d’un match. Aux côtés de Rivaldo et Ronaldinho, le Ballon d’Or 1997 retrouve le plaisir de jouer, comme en atteste le retour de son célèbre sourire d’enfant. Ronaldo emmène le Brésil jusqu’au sacre avec 8 buts et une place de meilleur buteur de la compétition. Il entre également dans le cercle fermé de joueurs ayant réussi à marquer deux buts en finale, aux côtés de Vavá, Pelé et Zidane. Son retour au premier plan sonne comme une belle revanche sur un destin qui s’était acharné sur lui depuis des années. Il s’agit aussi d’un message d’espoir pour tous les joueurs gravement blessés aux quatre coins du globe. Revenir si rapidement au sommet lui permet de devancer la concurrence au moment du vote pour le Ballon d’Or 2002. Avec deux trophées, il rejoint au palmarès Alfredo Di Stefano, Karl-Heinz Rummenigge, Franz Beckenbauer et Kevin Keegan.

Ses concurrents éprouveront sans doute une certaine amertume, le brésilien n’ayant joué que quatre mois en un an. Mais l’effet Coupe du Monde est plus fort que tout. Roberto Carlos, qui a également remporté la Ligue des Champions, pensait mériter le trophée. Sa saison était exemplaire, tandis que son style spectaculaire et atypique compensait le fait qu’il n’évolue pas à un poste offensif. Le latéral gauche a bien failli coiffer son partenaire sur le fil. Incroyable de régularité, Oliver Kahn paye lui son erreur en finale de Coupe du Monde. Le fait qu’il ait porté son équipe à bout de bras jusqu’en finale en dit long sur le niveau de jeu du gardien allemand. Il fut probablement le meilleur à son poste sur la dernière décennie, comme en témoigne sa deuxième place consécutive sur le podium : un exploit peu commun pour un gardien de but. Zinédine Zidane, vainqueur de la Ligue des Champions avec un but d’anthologie en finale, n’a pas pesé bien lourd à cause de l’élimination précoce de la France en Corée du Sud. Enfin, j’aurais aimé voir Michael Ballack sur la première marche pour compenser sa magnifique mais si douloureuse saison. En effet, « der Bomber » a été le parfait Poulidor : il a finit second en championnat, deuxième meilleur buteur de Bundesliga, a mené le Bayer Leverkusen en finale de la Coupe d’Allemagne et de la Ligue des Champions, avant d’envoyer l’Allemagne en finale de la Coupe du Monde. Mais cette année fabuleuse ne sera pas récompensée : en football, on ne récompense que les vainqueurs. Son absence de titres rend sa candidature trop difficile à défendre.

Darinh Mongkhoun

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