mercredi 24 novembre 2010

Ballon d’Or 2003 : le triomphe de l’homme aux trois poumons



Alors que tout le monde essaie de deviner qui sera le prochain Ballon d’Or, je préfère revenir sur les anciens lauréats. Aujourd’hui, je vous propose une petite recette : mélangez la frappe lourde de Bastian Schweinsteiger et l’esprit combatif de Gennaro Gattuso. Ajoutez une bonne dose de l’abattage de Wayne Ronney puis saupoudrez de la technique de Fransceco Totti. Laissez reposer, puis mettez une pincée du mental de Cristiano Ronaldo. Vous obtenez Pavel Nedved, Ballon d’Or 2003.




Dès le début de sa carrière, Pavel Nedved affiche une rare générosité. Qu’il pleuve ou qu’il vente, que son adversaire soit un promu ou un cador, Pavel Nedved court. Vite et longtemps. Si longtemps que ses coéquipiers en rigolent, prétendant que le joueur rentre chez lui de l’entrainement au pas de course. Après avoir fait ses preuves dans le championnat local, d’abord au Dukla Prague puis au sein du grand club tchèque, à savoir le Sparta Prague, Pavel Nedved signe à la Lazio Rome.

Au sein d’une équipe qui compte dans ses rangs de nombreuses stars comme Alessandro Nesta, Juan Sebastian Veron, Dejan Stankovic, Sinisa Mihajlovic et Hernan Crespo, le tchèque étoffe son palmarès, avec notamment une C2 en 1999 et un doublé coupe-championnat l’année suivante. Leader d’une équipe nationale séduisante où se côtoient Vladimir Smicer, Thomas Rosicky, Jan Koller et autre Patrick Berger, celui qui a gagné le surnom de « Furia Ceca » (furie tchèque en italien) rate une consécration internationale qui lui tend les bras en 2000, mais son équipe ne passe pas le premier tour lors du championnat d’Europe des Nations dont ils sont favoris. Le tirage au sort a placé les tchèques dans un groupe terrible, avec les champions du monde français et les organisateurs néerlandais. Pire, la République Tchèque ne parvient pas à se qualifier pour la Coupe du Monde deux ans plus tard.

Cette situation malheureuse en sélection n’occulte nullement la réussite de Nedved en club. Ainsi, lorsque la Juventus cherche un remplaçant à Zinédine Zidane, les dirigeants turinois mettent plus de 40 millions d’euros sur la table pour recruter Pavel Nedved. Conscients qu’ils ne trouveront pas de joueur aussi brillant techniquement que le français, les dirigeants bianconero misent sur un homme capable de courir pour deux. Au sein de la nouvelle dream team de la Juve, Nedved rayonne. Ses coéquipiers, d’Alessandro Del Piero à David Trezeguet, en passant par Gianluigi Buffon et Lilian Thuram, sont dépendants de l’activité débordante de l’homme aux trois poumons. Double champion d’Italie, la Vieille Dame échoue en finale de Ligue des Champions lors d’une séance de tirs aux buts épique. Cette affiche italienne se déroule sans le tchèque, privé de finale pour cause de carton jaune contre le Real Madrid. Il faut dire que son pressing incessant l’expose plus que les autres. Ses larmes au moment où il prend ce carton jaune illustre parfaitement son amour sincère pour le jeu.

Comment ne pas récompenser ce joueur incroyable, dont l’année a été agrémenté de prestations plus époustouflantes les unes que les autres ? J’aurais voté à deux mains pour lui. Le Milan AC a certes gagné la Ligue des Champions, mais aucun rossonero ne méritait le graal, d’autant plus que la Juve a régné en maître en Italie et que Nedved n’a pas joué cette finale. Le Real Madrid champion d’Espagne comptait Ronaldo et Zidane dans ses rangs, mais aucun d’eux n’a su stopper la « Furia Ceca » en demi-finale de la coupe aux grandes oreilles. Ruud Van Nistelrooy, champion et meilleur buteur d’Angleterre, a eu un rayonnement trop domestique pour espérer rafler la mise. Au final, l’élection de Nedved pour ce Ballon d’Or 2003 me semble complètement logique et justifiée.

Darinh Mongkhoun

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