lundi 11 octobre 2010

Klose entre dans l’histoire du football en toute indifférence…



Ce week-end, un joueur est entré dans l’histoire du football de son pays. La presse n’en a pourtant presque pas parlé. Il s’agit de Miroslav Klose. Qu’est-ce qui explique le manque d’intérêt des médias et du public pour ce buteur complet ? Analyse d’une injustice compréhensible.


En France, on n’apprécie pas le football allemand à sa juste valeur. Nos voisins ont privé la génération Platini-Giresse de deux finales de Coupe du Monde, en 1982 et en 1986. Le Bayern a également privé de sacre européen Saint-Etienne en 1976, et Bordeaux en 1996. De plus, l’Allemagne, malgré une régularité incroyable, ne jouit pas d'une grande notoriété hors de ses frontières. En dépit d’une présence récurrente en quarts de finale de la Coupe du Monde depuis 1954, la sélection allemande fait beaucoup moins rêver et vendre que ses homologues brésiliens, argentins, espagnols ou anglais. Bref, le fait que Miroslav Klose soit allemand ne joue pas en sa faveur. Tout comme Michael Ballack, le joueur formé à Kaiserslautern ne fait pas fantasmer les fans de football, qui préfèrent se vêtir des maillots de Cristiano Ronaldo, Lionel Messi ou David Villa au moment d’aller jouer le dimanche.

Comment expliquer ce manque d’amour du public envers le football allemand et ses joueurs ? La raison est simple. Dans une société où le nom derrière le maillot revêt désormais presque autant d’importance que le logo de l’équipe sur le devant, le public préfère admirer les percées individuelles de Lionel Messi ou les frappes lointaines de Frank Lampard. Le football a beau être un sport collectif, le jeu pratiqué par une équipe comme Arsenal pénalise ses joueurs au moment de la vente de produits dérivés ou de présence sur le devant de la scène médiatique. En Allemagne, le phénomène est le même : pour pallier le manque de générations aussi talentueuses qu’en France, en Angleterre, en Espagne, au Brésil ou en Argentine, la sélection mise sur un collectif solide et efficace qui ne cherche pas la mise en valeur des individualités.

Doit-on alors conseiller à nos amis germaniques de changer leur fusil d’épaule et de privilégier l’expression de ses talents individuels ? Non. Le football doit rester un sport collectif au sein duquel les individualités servent l’équipe. L’Allemagne a vu juste, comme en témoigne sa régularité inégalée. Leurs joueurs se transcendent comme personne au moment où ils portent le maillot de leur sélection, un maillot qui compte pour eux. Miroslav Klose, malgré une très bonne carrière en club, ne brille jamais plus que lorsqu’il joue pour son pays. Même si beaucoup de joueurs vendent plus de maillots que lui à travers le globe, le buteur peut se consoler en se disant que seul Ronaldo a marqué plus de buts que lui en phase finale de la Coupe du Monde. En atteignant les 104 sélections, soit un match de plus que Franz Beckenbauer, il marque l'histoire du football de son pays et s’inscrit comme l’un des joueurs européens les plus constants de la dernière décennie. Voilà qui devrait suffire à faire la fierté du numéro 11 allemand, à qui je souhaite maintenant de marquer encore à onze reprises en sélection nationale, histoire de dépasser le record de Gerd Müller et d’entrer dans la légende. Peut-être aura-t-il l'occasion de faire la Une à ce moment ? Rien n'est moins sûr...

Darinh Mongkhoun

2 commentaires:

  1. Bon article vieux, bonne analyse et bien écrit! Ton style journalistique me parait très pro, t'as du en roder des articles du genre!
    Keep on like this!
    Léo

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  2. Des années à recevoir 2 fois par semaine FranceFootball, ça aide! Merci en tout cas

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