dimanche 24 octobre 2010

Ces espoirs du football français qui n’ont pas confirmé…




Ils ne sont plus très jeunes, et évoluent dans un relatif anonymat. Pourtant, on leur promettait monts et merveilles à leurs débuts. Qui sont ces espoirs du football français qui n’ont pas su confirmer ?

Meneur de jeu du leader du championnat, c’est une place que beaucoup de joueurs aimeraient occuper. Cependant, on promettait bien mieux à Stéphane Dalmat. Le milieu formé à Châteauroux fait parti de l’équipe lensoise victorieuse en Coupe de la Ligue en 1999. Il est alors recruté par l’OM qui voit en lui son avenir. Dalmat ne parvient pas à prendre le jeu à son compte, malgré des prestations encourageantes en Ligue des Champions. Il change alors d’horizon et signe… au Paris Saint-Germain ! Le club a mené une campagne de recrutement ambitieuse, mais la mayonnaise ne prend pas. Dalmat est prêté à l’Inter Milan dès l’hiver (avant d'être transféré définitivement). Ses blessures l’empêchent de s’imposer durablement. Si ses débuts sont prometteurs, les dirigeants se lassent de ses absences répétées. S’en suit une errance à Tottenham, Toulouse, Santander puis Bordeaux. Mis à l’écart, il trouve en Sochaux une équipe qui compte sur lui. Pendant 3 ans, il s’affirme comme le leader technique de l’équipe. Frédéric Antonetti fait le pari de le recruter cet été, et Dalmat retrouve enfin une place de titulaire dans une équipe qui joue le haut du tableau. Mais à 31 ans, que le temps fut long pour celui que Clarence Seedorf considère comme le joueur qui lui ressemble le plus (lien).

On associe souvent le nom de Stéphane Dalmat à celui de son ami Peter Luccin. Formé à Cannes comme Johan Micoud, Patrick Vieira et Zinédine Zidane avant lui, Luccin plait à Rolland Courbis qui le fait signer à Bordeaux et l’emmène avec lui à Marseille deux ans plus tard. Le jeune milieu impressionne la Ligue 1 par sa maturité. Sa carrière est sur la bonne voie jusqu’à sa signature au Paris Saint-Germain. Celui qui fait parti de la génération dorée que souhaite installer le PSG, aux côtés de Sylvain Distin, Stéphane Dalmat ou Nicolas Anelka, ne s’adapte pas au club de la capitale. Il ne reste qu’un an et signe au Celta Vigo dans un anonymat presque total. Si quelques journaux font une filiation avec son prédécesseur, Claude Makélélé, aucun grand club ne s’intéresse à lui. La relégation de Vigo amène le club à se séparer de ses meilleurs joueurs. L’Atletico Madrid flaire la bonne affaire. Il effectue 3 saisons correctes à Madrid qui refuse néanmoins de le conserver. Peter Luccin monnaie ensuite ses services à Saragosse et Santander, avant de connaître le chômage en 2009. Le joueur effectue ensuite des essais à Glascow puis à Cologne, sans succès. Triste fin pour celui que beaucoup imaginaient comme un futur pilier de l’équipe de France.

De cette génération 1979, le plus grand espoir est sans doute le plus agaçant. Il s’agit de Peguy Luyindula. Le parisien aurait pu devenir un homme fort du football français mais n’a pas répondu aux attentes. Révélé au grand public par Strasbourg, Luyindula quitte la Meinau pour Lyon en 2001. Aux côtés de buteurs comme Sonny Anderson ou Giovane Elber, l’espoir progresse jusqu’à devenir le meilleur buteur lyonnais en 2004 avec 16 buts. Cette belle saison est aussi la dernière que vivra Luyindula. Non retenu à l’Euro par Santini qui lui préfère Louis Saha, le joueur choisit de signer à Marseille, favori du championnat après avoir recruter des joueurs expérimentés comme Fabien Barthez et Bixente Lizarazu, et des jeunes espoirs comme Benoît Pedretti et lui. Mais la sauce ne prend pas, et le buteur n’inscrit que 10 buts. Auxerre le récupère alors, mais malgré ses 10 buts, le salaire du joueur s’avère trop élevé pour le club bourguignon. Direction Paris pour Luyindula qui entame sa cinquième saison sous les couleurs du PSG. Alors qu’il marquait avec une relative régularité, le joueur semble avoir perdu toute motivation depuis quelques temps. Il perd même sa place de titulaire. Aujourd’hui, malgré le manque de réalisme de Guillaume Hoarau et Mevlut Erding, Luyindula regarde chaque match depuis le banc du Parc des Princes.

Beaucoup voyaient en lui le successeur de Marcel Desailly. Malgré 27 sélections et une présence dans plusieurs compétitions internationales, on ne peut pas dire que Jean-Alain Boumsong ait remplacé le « rock » dans le cœur des français. Le joueur formé au Havre voit sa carrière décoller lorsqu’il signe à Auxerre. Il forme une charnière centrale solide avec Philippe Mexès. L’AJA de Guy Roux joue même la Ligue des Champions. Mais les cadres partent peu à peu. Contrairement à eux, Boumsong n’attire pas les foules, et n’est recruté « que » par les Glascow Rangers à la fin de son contrat. Il n’y restera que 6 mois après lesquels il signe à Newcastle. Le défenseur, qui rêvait de se faire repérer par un club du « Big Four », est finalement appelé par Didier Deschamps qui doit faire remonter la Juve en Série A suite aux scandales de matchs truqués en Italie. Suite à une saison pleine et une remontée immédiate, la Juve se sépare de Didier Deschamps. Jean-Alain Boumsong ne convainc pas le nouvel entraineur et retourne en France, à Lyon. Jean-Michel Aulas souhaitait l’installer durablement aux côtés de Cris, mais ses performances sont inégales. A la recherche d’un second souffle, l’OL se sépare cet été de plusieurs joueurs au salaire élevé, dont Boumsong. Le joueur rejoint le Panathinaïkos, pour son probable dernier défi. Sa carrière n’aura ressemblé en rien à ce qu’on en imaginait au départ.

Son coéquipier de la défense auxerroise Philippe Mexès est également un espoir qui n’a pas confirmé. Après des débuts impressionants à Auxerre, où beaucoup voient en lui le nouveau Laurent Blanc, le joueur signe à la Roma. Il désire acquérir la culture défensive italienne, réputée comme la meilleure au monde. Depuis des années, Mexès enchaine les matchs mais ne présente pas une assurance tout risque pour la défense romaine. Il passe à côté de son match trop de fois dans la saison pour devenir un joueur incontournable, au point que les dirigeants romains sont allés chercher Nicolas Burdisso à l’Inter. L’époque où Sir Alex Ferguson le voulait à tout prix semble bien loin. Si sa carrière honnête peut contester sa présence dans cet article, je tiens à vous rappeler que le potentiel qu'il montrait à 20 ans aurait dû lui permettre de devenir une sorte de Nesta à la française. Aujourd'hui, on en est loin.

Encore un ancien auxerrois à ajouter à cette liste : Olivier Kapo. Le gaucher était pressenti pour devenir un membre clé de l’équipe de France. Sous les ordres de Guy Roux, le talentueux gaucher enchante la France de ses dribbles imprévisibles. Il marque l’esprit des recruteurs européens un soir de Ligue des Champions où Auxerre s’impose à Highbury face à Arsenal. Olivier Kapo s'offe un but somptueux : un petit pont sur Patrick Vieira suivi d’une frappe limpide. Il découvre logiquement l’équipe de France. La Juventus parie alors sur lui, mais l’adaptation ne se passe pas comme prévu. Kapo devait remplacer Pavel Nedved mais le tchèque fait de la résistance, continuant à aligner les performances de haut niveau. Kapo retourne en France, à Monaco, au sein d’une équipe qui joue la Ligue des Champions. Mais il déchante très vite : l’ASM est éliminée au tour préliminaire par le FC Séville. Le joueur ne parvient pas à briller au sein d’une équipe en construction. Il enchaine donc les aventures sans lendemain, à Levante, Birmingham, Wigan puis Boulogne-sur-mer. Cette saison, il cherche encore un club. A 29 ans, ses plus belles années sont déjà loin derrière lui.

Mai 2002. La France, après Trezeguet et Henry, semble avoir un troisième attaquant de talent. Le joueur voué à réussir est le meilleur buteur (22 réalisations) de Ligue 1 à seulement 20 ans, Djibril Cissé. Il confirme les deux saisons suivantes, avec 14 puis 26 buts en championnat. Il rêve d’une trajectoire à la Thierry Henry, et signe à Liverpool. Alors que sa vitesse devait faire des ravages dans les défenses anglaises, le joueur se blesse gravement. Son mental lui permet de revenir au meilleur moment, en finale de Ligue des Champions qu’il remporte suite à un match resté dans la légende face au Milan AC. L’année qui suit, il peine à retrouver l’explosivité qui était la sienne avant sa blessure. Il marque moins, et Liverpool s’en sépare : retour en France, à Marseille. Après une première saison mitigée, le joueur retrouve ses moyens, et marque 16 buts en championnat. Le duo qu’il forme avec Mamadou Niang semble parti pour durer, mais les dirigeants marseillais en décident autrement. Baky Koné et Hatem Ben Arfa sont recrutés pour former le trio offensif marseillais avec Niang. Vexé, le joueur signe à Sunderland où il parvient à inscrire 10 buts. Alors qu’il rêve d’Arsenal, Chelsea ou Manchester United, seul le Panathinaïkos souhaite en faire sa figure de proue en attaque. Il devient alors meilleur buteur et champion en Grèce, et retrouve l’équipe de France. Suite à l’épisode sud-africain, il retourne dans son club, continue à marquer, mais Laurent Blanc ne semble pas compter sur lui. Et Djibril Cissé, à qui la vie n’a pas toujours souri (2 graves fractures tibia-péroné), peut regretter la période auxerroise durant laquelle l’Europe lui faisait les yeux doux.

Comment figurer dans cette liste quand on compte 49 sélections et 7 titres de champion de France ? Cela semble étrange mais Sydney Govou y est parvenu. Le joueur formé à Lyon, auteur de 10 buts et champion de Ligue 1 à 22 ans, devait devenir le patron du flanc droit de l’attaque française. Titulaire indiscutable à l’OL, toujours appelé en équipe de France, très bon lorsqu’il était sur le terrain avec les Bleus, le joueur paye son manque de régularité en club. Ses saisons ont toujours été bonnes mais Govou est toujours resté dans l’ombre de joueurs comme Sonny Anderson, Juninho puis Karim Benzema. S’il n’a pas grand-chose à se reprocher en sélection, les sélectionneurs lui auraient sans doute donné plus de temps de jeu s’ils cartonnait en club. Il aurait également suscité l’attention des grands clubs européens, qui se sont renseignés sur lui au début de sa carrière avant de se désintéresser. Dommage qu’il ait effectué sa meilleure saison à 22 ans. Ses qualités auraient dû lui offrir une tout autre carrière.

On le comparait à Didier Deschamps. Nul doute que Benoît Pedretti aurait aimé connaître la même trajectoire. Lorsqu’il débute à Sochaux, le jeune milieu séduit la Ligue 1 par la qualité de ses transversales, idéales dans le schéma de contre de son équipe. Il est même appelé en équipe de France et côtoie des joueurs comme Thierry Henry ou Zinédine Zidane. Pedretti souhaite alors franchir un pallier et choisit l’OM. Mauvaise pioche. Même s’il n’est pas foncièrement le plus mauvais joueur de l’équipe, le public le prend en grippe car il symbolise la campagne de recrutement ambitieuse mais ratée des dirigeants. Le joueur rejoint alors Lyon. Il signe dans un club stable, qui gagne le championnat chaque année et envoie ses meilleurs éléments en sélection. Mais la concurrence de Tiago et Mahamadou Diarra le relègue sur le banc. Auxerre est à l’affut et embauche le milieu défensif pour quelques clopinettes. Le capitaine de l’AJA entame sa cinquième saison sous le club cher à Guy Roux. Ses performances correctes ne sont néanmoins pas suffisantes pour attirer la convoitise d’un grand club.

Ami de Pedretti, Pierre-Alain Frau rêvait d’équipe de France. Efficace à Sochaux, où il marque notamment 17 buts en championnat pour sa dernière année, il signe à Lyon en 2004. Appelé en équipe de France par le nouveau sélectionneur Raymond Domenech, Frau cherche à s'imposer à l'OL et prendre la place laissée vide par Luyindula. Hélas, il ne parvient pas à rééditer ses performances sochaliennes. Dans son club formateur, ses coéquipiers faisaient tout pour le mettre en valeur. Le style sochalien lui convenait parfaitement. Un peu perdu, il marque peu, joue de moins en moins et part à Lens où il se relance pendant 6 mois. Cela suffit à convaincre le PSG, mais là encore, c’est un nouvel échec : l’attaquant ne marque que 4 buts en un an et demi. Lille finit par le recruter. Après deux premières saisons décevantes, il semblait se relancer la saison dernière, où il a marqué 13 buts en championnat. Seulement, cette année, Rudi Garcia ne semble pas lui faire confiance, comme en témoigne l’arrivée de Moussa Sow. Pierre-Alain Frau ne fait pas parti des cadres à Lille et pourrait même chercher un autre club l’été prochain.

La presse en faisait le nouveau Zidane. Avec Frau et Pedretti, Camel Meriem était le troisième joyau de Sochaux. Ses qualités techniques sont appréciées, et Bordeaux mise sur lui. La comparaison avec son illustre aîné s'intensifie encore un peu plus. Pourtant, dans la quiétude bordelaise, le joueur ne se montre plus décisif. Pour se relancer, il choisit de rejoindre l'OM. Le choix peut surprendre, mais il semble que le meneur de jeu cherchait un électrochoc pour se réveiller. Meriem retrouve son niveau et devient le fournisseur de ballons de Didier Drogba. Il retourne ensuite à Bordeaux où il effectue un exercice solide, qui lui offre ses premières sélections en équipe de France. Le joueur choisit ensuite de signer à Monaco. Mais dans une équipe qui se cherche depuis plusieurs années, et qui ne cesse de changer de joueurs, d’entraineurs et même de dirigeants, Meriem redevient un joueur lambda. Personne ne veut de lui à la fin de son contrat, jusqu’à ce qu'Arles-Avignon vienne le chercher.

Il est encore trop tôt pour insérer Hatem Ben Arfa et Karim Benzema dans cette catégorie. Le temps joue pour eux, mais s’ils ne se ressaisissent pas, ils feront alors parti de cette caste de joueurs à la carrière moyenne alors qu’on les voyait en haut de l’affiche. La liste n’est pas exhaustive : je n’ai inclus que les joueurs encore en activité, et j’en ai sûrement oublié.

Darinh Mongkhoun

4 commentaires:

  1. J'aurais pu mettre des joueurs comme Steed Malbranque, Daniel Moreira, Mourad Meghni, Bernard Mendy ou Ronald Zubar. Mais on les considérait "juste" comme de très bons espoirs, alors qu'on annonçait vraiment quelque chose de grand pour les joueurs sur lesquels j'ai écrit.

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  2. Je trouve que tu es un peu sévère avec Mexès. Même s'il jouait très bien avec Auxerre la presse en a énormément rajouté. Il a fait des erreurs dans ses choix de carrière mais de la à dire que c'est un joueur raté...Il est quand même défenseur en équipe de france, il y a pire comme "échec".
    D'autres joueurs comme Landreau aurait aussi pu être présent dans cet article.

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  3. Pour Mexès, on peut contester sa présence. Je sais que tu l'aimes bien, moi aussi. Mais je le voyais exploser et devenir le meilleur défenseur central du monde alors quand je le vois disputer une place de titulaire à la Roma avec un mec comme Burdisso, certes solide mais très limité techniquement, ça me fait de la peine. De plus, il a commencé en équipe de France en 2002. Il devrait compter 80-90 sélections. Mais il n'en a que 18, preuve de son irrégularité - les sélectionneurs n'ont pas toujours été des lumières mais tout de même, 18 c'est très maigre pour un joueur de 28 ans.
    Je n'avais pas pensé au poste de gardien, t'as raison pour Landreau. J'aurais bien mis Frey aussi mais là encore tu aurais été en colère contre moi? :p

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  4. Non non je n'aurai pas été en colère pour Frey, on ne lui a jamais promis un grande carrière en France mais en Italie c'est vrai qu'il a été plusieurs fois comparé à Buffon. La Fio c'est pas génial pour le "deuxième plus grand gardien du monde"...

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